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UN SEJOUR EN DOMINIQUE

par Margot Loubry, Architecte DE

Ce petit bout de terre dans la mer, dont l’actualité douloureuse résonne encore à nos oreilles, a été l’objet pour moi d’une récente et d’une très belle découverte.

En effet, avant le passage de l’ouragan Maria, j’ai eu l’occasion d’y effectuer un court séjour, ce qui m’a permis de mieux connaître ce territoire.

Loin de moi l’idée de vous décrire ce voyage dans son intégralité, ou encore d’établir un guide touristique des meilleurs endroits à visiter. Je m’attacherai seulement à vous faire partager une surprise culturelle et architecturale : le contraste entre la côte Est, amérindienne, et la côte Ouest, créole.

La Dominique est en effet une des rares îles où vivent encore des Amérindiens. Descendants des Caraïbes qui peuplaient l’île avant l’arrivée de Christophe Colomb, Ils en sont partis, pour échapper aux colons, grâce au relief difficile de la Dominique. Il leur a permis de trouver refuge au Nord et à l’Est de l’île.

En 1902, après de nombreuses controverses, les descendants de Caraïbes se sont vus attribuer près de 1500 hectares de terre sur la côte Est de l’île. Les parcelles se transmettent de père en fils, au fil des générations. Les traditions et coutumes des villages perdurent également, bien que, la langue parlée à l’origine ait été peu à peu remplacée par l’anglais et le créole.

                   

Avec près de 3000 membres, cette petite communauté survie tant bien que mal. Pour conserver le lignage ancestral une femme ne sera plus considérée comme Caraïbe si elle épouse un étranger et ne pourra donc plus vivre dans la réserve. Cette règle ne s’applique pas aux hommes, qui peuvent se marier avec des étrangères et conserver leur biens et propriétés au sein de la communauté. Cette pratique, qui peut paraître quelque peu rétrograde d’un point de vue social, impacte directement la conservation et le développement des constructions.

En effet, l’architecture présente sur cette partie de l’ile conserve les attributs propres aux bâtisses amérindiennes que l’on retrouve également en Guyane : des carbets en bois largement ouverts au vent, des couvertures végétales composées de palmes séchées, des travaux de vanneries qui agrémentent les façades, des parements tressés, et autres ornements picturaux d’inspiration naturelle.

L’on y trouve également des constructions plus récentes, largement inspirées de cette architecture vernaculaire et destinées à accueillir un public touristique. Ces lodges en bois locaux dominent la mer et surplombent la végétation environnante. Un véritable lien entre modernité et tradition. Cette architecture est particulièrement intéressante, tant par son intégration dans le paysage que par son mode de production local et respectueux de l’environnement.

Sur la côte Ouest de l’île, la ville de Roseau est, a contrario, empreinte d’une culture historique coloniale. Le bourg est constitué de maison de bois souvent délabrées mais non dénuées de charme. La ville tient son nom des français qui l’on nommée ainsi en raison de sa proximité avec le fleuve Roseau et de la présence de nombreuses plantes du même nom sur ses rives. Le maillage urbain à, quant à lui, été créé par le gouvernement britannique sur un plan en grille en 1770.

La population y est beaucoup plus métissée et l’arrivée des croisiéristes vient rythmer la vie de ce bourg plutôt calme lorsque les magasins sont fermés.

La cathédrale gothique de Roseau domine de sa hauteur la ville basse. Initialement édifiée en bois, elle a été reconstruite en pierre volcanique suite à l’ouragan de 1816 qui a en partie détruit la ville.

La plupart des maisons sont caractéristiques du style anglais victorien. L’on y retrouve de longues vérandas destinées à profiter de la brise, des bow windows pour bénéficier de l’air et de la lumière, de nombreuses lucarnes en toiture permettant d’évacuer l’air chaud. A cela s’ajoute une touche créole, frises en bordure de toitures, jalousies et peintures très colorées.

La plupart des maisons sont édifiées sur des soubassements en pierre en prévision des ouragans.

Les formes escarpées du toit appelés hiped ont pour but de dévier les vents forts.

  

Un vrai métissage architectural donc qui intègre les esthétiques des époques et des différentes régions ainsi que les difficultés climatiques auxquelles est régulièrement soumise l’ile de la Dominique.

 

 

Lexique :

  •  Carbets : Abri en bois sans mur, avec charpente en bois et couverture végétale, typique de l’habitat traditionnel des amérindiens.
  •  Lodges : mot anglais qui désigne l’habitat, le logement
  •  Bow windows : Fenêtre en saillie, qui s’avance sur la façade. Le bow-window a au moins deux faces. Il est protégé par un toit. Il est appelé fenêtre en baie ou fenêtre arquée.
  •  Hiped : mot anglais désignant une typologie de toiture comprenant des triangulassions brisées, sans pignon verticaux.

Crédits photos :

  •  Photo 1 : Côte Est de la Dominique – © Margot Loubry
  •  Photo 2 : carbets situés dans la réserve Caraïbe – © photos from travelers / tripavisor.com 
  •  Photo 3 : carbet collectif dans la réserve Caraïbe – © photos from travelers / tripavisor.com 
  •  Photo 4 : lodge Kalinago retreat
  • Photo 5 : travaux de vanneries dans la réserve Caraïbe – © photos from travelers / tripavisor.com 
  •  Photo 6 : cathédrale de Roseau -copyright www.dominica-weekly.com
  • Photo 7 : le bâtiment Barracoon, construit au milieu du 18ème siècle, anciennement utilisé comme centre d’attente pour les arrivées d’esclaves et les ventes aux enchères – © Margot Loubry
  • Photo 8 : maison de Roseau – ©  www.dominica-weekly.com
  • Photo 9 : port de Roseau – © Margot Loubry

Sources :

 

 

Equipe Kay Karayib

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